
A 24 ans, ayant toujours voulu entreprendre, je me suis lancé avec une partenaire dans l’aventure afin de devenir maître de mon destin. Il nous fallait alors trouver quoi faire, nous nous sommes donc orientés vers un domaine que nous ne connaissions pas du tout mais qui nous semblait intéressant : l’informatique.
Ce n’était pas bien grave, nous étions jeunes et plein de ressources, « on va apprendre et on y arrivera » nous disions-nous. « FATAL ERROR !» comme pourrait afficher un écran d’ordinateur.
Ne rien connaître dans notre domaine n’a fait que nous desservir en réalité, mais j’y reviendrai.
Nous voilà donc engagé dans un mode « entrepreneurs à succès » dans un univers méconnu mais aussi dans une pratique inconnue. Nous n’avions jamais entrepris avant cette aventure. Nous avions conscience qu’il nous fallait réunir trois composantes essentielles :
- Avoir des clients.
- Avoir des collaborateurs techniques pour réaliser des projets informatiques.
- Gagner de l’argent en même temps pour faire évoluer l’entreprise.
Et si on lançait une entreprise en prestation de services informatiques, une SSII/ESN ? Je connaissais un peu le secteur, mon associée pas du tout ! Après avoir étudié notre modèle économique, nous ouvrons la société. Nous n’avions pas de clients et très peu de fonds (7 000€ à ce moment-là). Sans le savoir, nous signions notre arrêt de mort. Avec beaucoup de volonté, du travail et un accompagnement, nous avançons progressivement mais, après un an d’activité, le compte de la société est déjà à découvert et nous ne réalisons toujours pas de bénéfice. Première et douloureuse impasse.
La vie a mis sur notre chemin certaines personnes qui ont pu nous être utiles, c’est ainsi que j’ai commencé une prestation en recrutement chez un client, où je me vendais moi-même et permettais à l’entreprise de générer 4 000€ de CA par mois. En parallèle, nous avions décidé d’ouvrir notre capital à un nouvel associé, expert dans les systèmes informatiques. On se disait qu’on allait enfin remonter la pente et voir la lumière au bout du couloir.
« LA PLUS GRANDE GLOIRE N’EST PAS DE NE JAMAIS TOMBER, MAIS DE SE RELEVER A CHAQUE CHUTE. » N. MANDELA
Première victoire et petit butin, la société commençait à tourner et on se mettait à envisager des projets d’avenir. Avec ce nouvel associé, nous avions de plus en plus d’opportunités. Nous voilà en train de recruter un premier collaborateur senior pour une mission chez un client, grâce à qui nous arrivons à générer environ 20 000€ de bénéfice chaque mois. Lorsque que vous passez de 0€ à 20 000€ par mois, vous avez presque envie de faire la fête et ça vous donne des ailes. Du coup, on décide de recruter notre premier commercial qui va se charger pour nous de nous trouver des supers clients. Ici, vous vous demandez sûrement comment on a pu se retrouver en faillite avec toutes ces réussites ?
Nous avons fait une autre erreur : penser qu’une fois la machine lancée, tout fonctionnerait naturellement à merveille.
,A peine la machine en marche ma première associée, celle avec qui j’avais monté la société, quitte le navire. Quand les rôles sont clairement définis dès le début, il faut les dispatcher à la sortie d’un des associés mais lorsque que cela n’a pas été fait, on se retrouve dans une impasse à devoir gérer des fonctions qui ne nous enchantent pas et ne nous correspondent pas. Dans une petite structure de 5 personnes dont 2 salariés, le départ d’un associé fondateur n’est pas toujours bien vécu.
LA COURSE CONTRE LA MONTRE
Au même moment, notre premier collaborateur nous annonce que son ancien client souhaite le recruter en direct (en interne) et qu’il a déjà entamé un processus de recrutement avec eux. En parallèle, notre commercial commence à développer un portefeuille de prospects avec des opportunités d’affaires intéressantes et prometteuses mais là encore, rien ne se passe comme prévu. Ne pas prendre en compte le facteur temps dans notre développement commercial a été la troisième erreur que nous avons faite. Parce que oui, lorsque vous montez votre entreprise, il n’est pas sans rappeler que vous jouez systématiquement dans une course contre la montre. Le timing était tellement imparfait que notre premier collaborateur est parti et a laissé place à un nouvel arrivant que nous avons intégré au moment de son départ. Nous nous sommes donc retrouvés à deux avec mon associé qui avait nouvellement rejoint l’aventure et lui comme moi commencions à perdre pied. Il allait devenir père à nouveau et je n’étais plus en capacité de subvenir à mes besoins personnels. Notre commercial et notre consultant nous coûtaient environ 12 000€ par mois mais nous perdions 4 000€ chaque mois.
LE RETOUR DU BANQUIER
C’est à ce moment-là que j’ai eu des nouvelles de mon banquier pour la première fois en une année. Il a réussi à me faire culpabiliser et me donner l’impression que je n’étais qu’un moins que rien par ses demandes d’explications et ses silences pesants. Il n’y avait plus rien sur les comptes de l’entreprise. Nos charges nous rattrapaient et le business ne nous rapportait plus rien.
En réalité, nous avons aussi fait de nombreuses erreurs qui nous ont conduit tout droit vers la banqueroute que vous pouvez retrouver ci-dessous :
- Ne pas prendre en compte le facteur temps.
- Ne pas connaître le domaine dans lequel je souhaitais entreprendre.
- Penser qu’une fois le business lancé, tout fonctionne naturellement.
- Travailler avec les mauvaises personnes.
- Ne pas chercher à développer un modèle économique qui me permettrait en tout premier lieu de me rémunérer et rémunérer mes associés tout de suite.
- Ne pas s’investir davantage dans la partie commerciale.
- Déléguer trop, trop vite.
- Laisser certains événements négatifs prendre le pas sur mon énergie.
- Ne pas avoir suffisamment préparé mon modèle avant de lancer l’entreprise.
- Créer l’entreprise avant d’avoir mon premier client.
- Chercher à m’entourer en étant au bord du gouffre et non pas en pleine réussite.
- Chercher à investir avant d’être rentable dans une activité qui ne nécessite pas d’investissement initial.
- Ne pas avoir déterminé les valeurs de l’entreprise.
Cette liste d’erreurs n’est pas exhaustive, mais c’est ce que j’ai pu lister d’essentiel parmi les erreurs importantes que j’ai faites au cours de ces deux dernières années.
« UN GAGNANT EST JUSTE UN RÊVEUR QUI N’A JAMAIS CEDE. », N. MANDELA
Vous l’avez compris, je n’abandonne pas, je n’échoue pas. J’apprends et je me relève, même si cela doit passer par la clôture de ma société et le licenciement économique de mes deux collaborateurs*. J’ai d’autres projets en tête et l’apprentissage que j’ai tiré de cette expérience ainsi que ce que cela m’a coûté vont me permettre de ne pas reproduire les mêmes erreurs à l’avenir. J’ai eu l’intelligence d’esprit pendant cette expérience d’assurer mes arrières, et aujourd’hui d’être en mesure de vivre de très bons revenus que je génère tous les mois, sans être en CDI. Pour le coup, c’est une immense victoire.
L’entrepreneuriat, c’est une aventure sans pareil qui nous permet de nous découvrir pleinement. Mais il faut surtout être prêt à franchir le cap et s’investir à fond dans cette aventure, quel qu’en soit le prix à payer. Il y a beaucoup d’entrepreneurs aujourd’hui qui ne souhaitent pas sortir un euro de leur poche mais devenir multimillionnaires tout de même. Si vous faites partie de ceux-là, je vous dirais que le Père Noël n’existe pas. D’ailleurs, c’est une de mes caractéristiques. Je ne créerais jamais une start-up, mais toujours une entreprise. Quand la première a pour vocation d’aller développer une idée et de se la faire racheter pour empocher un pactole, mon idée de la seconde est de créer un empire qui ME rapporte réellement.
L’IMPORTANCE D’AVOIR DES PROCHES QUI NOUS SOUTIENNENT
L’entrepreneuriat c’est aussi beaucoup de sacrifices. Je ne remercierais jamais assez ma compagne de m’avoir autant soutenu pendant ces deux années et de continuer à le faire pour mes prochaines aventures. Être bien entouré, c’est hyper important. Seul, on va plus vite ; ensemble, on va plus loin. S’entourer ne veut pas forcément dire qu’il faut s’associer avec quelqu’un mais qu’il faut avoir un cercle proche autour de soi qui nous permet de ne jamais abandonner. Ma compagne m’a ramassé à la petite cuillère de très nombreuses fois. Elle m’a consolé lorsque j’étais en pleurs, elle a laissé exploser sa joie quand il y avait des bonnes nouvelles, mais jamais elle ne m’a abandonné. Elle s’est battue à mes côtés, dans l’ombre, et a su faire ce qu’il fallait pour que l’on puisse vivre pendant que je tentais de réaliser mes rêves. Croyez-moi, ça aussi ça vaut tout l’or du monde.
ÊTES-VOUS UN ENTREPRENEUR ?
Finalement, l’entrepreneuriat, c’est un parcours extrêmement exigeant. On ne s’en rend pas compte avant d’y avoir mis les pieds. Peu de personnes sont à mon sens capable d’y arriver aujourd’hui.
Il faut être tenace, lucide, avoir les pieds sur terre, savoir se remettre en question, être bien entouré, apprendre vite, savoir se débrouiller, déborder d’idées et ne jamais abandonner.
Je conseille à tous ceux qui veulent s’y essayer d’y aller. Mais d’y aller vraiment ! Car même si vous échouez, au moins vous n’aurez pas de regrets. N’y allez pas à moitié. Allez-y pleinement. Les deux pieds dedans. Vous allez apprendre et découvrir par vous-même de quoi vous êtes capable. Et même si vous avez des enfants et un foyer à nourrir, croyez-moi, vous parviendrez quoi qu’il arrive à faire en sorte qu’ils vivent confortablement, même sans rendre votre entreprise florissante.
Au final, toutes les erreurs que vous ferez pourront vous servir. Pour conclure, je vous partage ce que m’a dit récemment un ami : « ce qui doit vous arriver est exactement ce qui doit vous arriver pour vous permettre de vous réaliser. »
*NDLR : La procédure juridique est toujours en cours au Tribunal de commerce de Paris.